jeudi 28 janvier 2010

L’éducation bilingue au Liban: un système à double tranchant

Marzena Zielinska-Schemaly

L’éducation multilingue est un facteur inestimable du succès des Libanais à l’étranger. La maîtrise parfaite des langues, la connaissance de la culture orientale et occidentale rendent l’adaptation plus facile. Pourtant ce système demande beaucoup d’efforts et de travail aux élèves et aux parents. Avec parfois quelques risques.

10.25 : Le temps de recréation à Antonine International School (AIS) à Ajaltoun, près de Beyrouth. La cour se remplit doucement d'élèves. Seulement, nous n’entendons pas l’Arabe (la langue officielle au Liban), mais le libanais et surtout le français et l’anglais.

Les écoles au Liban sont bilingues ou même trilingues. Les enfants de la maternelle apprendront en arabe et en français, ou en anglais, selon le système choisi par l’école.

L’éducation pour l’avenir
Le Liban possède un des taux d’alphabétisation les plus élevés du Moyen Orient: 87,4% (2003). A l’origine de l’enseignement bilingue, l’histoire turbulente du pays. Pourtant, maintenant, c’est le facteur économique, qui domine. Les Libanais sont conscients que grâce à cet unique système d’éducation, ils se distinguent de tous les ressortissants arabes, notamment des pays du Golfe.

L’écrivain Amin Maalouf souligne combien son éducation multilingue "a contribué à sa richesse intérieure et à son identité cosmopolite ».

L’apprentissage des langues commence souvent au berceau. Maya, maman de deux garçons, raconte qu’elle et son mari parlent seulement en français avec leurs enfants. Les grand parents – en libanais et la bonne en anglais. Pour elle c’est naturel. Selon Maya, c’est la société libanaise, qui oblige à ce type d’apprentissage.

Généralement, dans les classes supérieures, le programme introduit une deuxième langue étrangère : l’anglais ou le français. Au départ, donc, un enfant libanais est confronté à quatre langues et deux alphabets. Puisque les gens parlent un dialecte libanais et les élèves apprendront l’arabe littéraire à l’école.

Néanmoins, dans les établissements gérés par la communauté arménienne, les élèves apprennent la littérature, ainsi que l’histoire et la géographie d’Arménie en arménien. Il faut noter aussi, qu’un lycée franco–libanais introduit encore l’allemand.









Se pose aussi la question des enfants des émigrés, qui retournent au Liban et qui ne connaissent pas l’arabe. Malgré cela, les écoles offrent les programmes adaptés, comme témoigne Chloé, une élève d’AIS, et un vaste choix du baccalauréat : libanais, français et international.




Astrid Fischer est Suisse. Dans son pays, quatre langues sont officielles. Pourtant, l’éducation n’est pas multilingue. Suivants les cantons, il y a seulement une langue principale. Elle estime que « les Libanais sont de vrais polyglottes. Le bagage linguistique, c’est une force pour l’avenir"
Un apprentissage complexe

Depuis plusieurs années certaines écoles libanaises, comme AIS, introduisent
l’anglais, comme la deuxième langue déjà en petites classes.

« Les enfants acquièrent le bon accent et la prononciation. Ça leur permet plus tard, de parler couramment»,
explique Micheline Kreidy, la responsable du cycle secondaire à AIS. Mais, elle ajoute, que ce n’est pas le même cas avec le français. Car les élèves du système anglais ont beaucoup de difficultés à apprendre la langue du Molière parfaitement.

Dans le cas des enfants, qui ont déjà des problèmes de dyslexie, l’éducation en plusieurs langues peut aggraver les difficultés existantes, explique Alexandra Chalitta, psychologue.

Tous les interlocuteurs admettent que le système multilingue est une richesse inestimable. Cependant, ce système entraine un programme très chargé. Au point que les enfants ont très
peu de temps pour développer leurs capacités musicales ou sportives. De plus, les enfants qui parlent en français ou anglais seulement à l’école ont des difficultés avec la compréhension de sujet scientifique, selon les études.

Enfin, l’éducation multilingue cause aussi des problèmes avec l’identité culturelle, particulièrement importante dans un pays comme le Liban. Les jeunes Libanais, sans doute,
parlent les langues correctement. Néanmoins, les étrangers observent qu’il leur manque des notions culturelles et littéraires des langues apprises.
« Vu les problèmes existants, il faut bien étudier les programmes pour rendre le système vraiment effectif », conclut la psychologue . (écoutez l'entretien)


tilidom.com

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