lundi 19 avril 2010

Maya Zankoul : « Je resterai comme je suis, j’en suis convaincue ! »

Par Delphine Darmency

Maya Zankoul est une étoile montante de l’engagement citoyen au Liban. La jeune dessinatrice libanaise s’inspire de sa société pour la critiquer avec humour dans son blog Almalgam puis à travers la parution de son livre. Mais l'artiste engagée ne compte pas s'en arrêter là.




Jour de pluie à Beyrouth, une bonne demi-heure de retard, Maya Zankoul arrive au rendez vous grand sourire et plates excuses. Au programme, chocolat chaud saupoudré de marshmallows dans un café de l’ABC à Achrafieh.

Cette jeune libanaise de 23 ans, élancée, brune, vernis à oncle rouge est la copie conforme du personnage principal de ses dessins.

Impossible de retenir toutes les lignes de son agenda surchargé. Entre ses rendez vous avec les médias, ses pots de remerciements pour la création de tel ou tel site, ses formations de World Press dont le revenu va en faveur d'ONG pour des enfants démunis, ses projets en faveur d’une blogosphère libanaise forte, elle avoue, « je vais me faire virer de mon travail si je continue ».

Il suffit de regarder son blog Amalgam, à l'instar de 800 visiteurs par jour, pour s’apercevoir que le phénomène intéresse beaucoup les médias. On y retrouve des dizaines d’interviews.

« C’est vrai que depuis 14 mois, beaucoup de choses ont changé » précise Maya.

En février 2009, le blog Amalgam voit le jour. L’idée commence à germer lorsqu’une de ses professeurs l’encourage à faire un blog consacré uniquement à sa production artistique. Son travail de graphiste à but commercial ne lui donnant pas entière satisfaction, elle décide de laisser libre cours à ses critiques de la société libanaise sur la toile; mélange d’anecdotes personnelles et de douces caricatures du quotidien libanais.

Pour son anniversaire, ses amis décident d’imprimer l’ensemble des dessins postés sur son blog. Tour de passe-passe du petit frère pour faire parvenir à tous ses cyber-lecteurs l'annonce de la parution de son premier livre. Voilà notre dessinatrice devant le fait accompli.
Les ventes de ce premier tome imprimé à 1000 exemplaires ne lui rapporteront que quelques broutilles. « La critique sociale est plus importante que l’argent. L’essentiel c’est d’apprendre » assure t'elle.

Loin d’avoir pris la grosse tête, elle se dit habituellement timide mais accepte les interviews pour faire connaître son travail. Les attentes de son public ? Elle ne veut pas y penser. Changer sa manière de dessiner ? Il n’en est pas question. Elle veut garder son intégrité artistique et ne pas s’attacher à ce que les gens attendent d’elle.

Déterminée, entière et engagée, la belle brune a renoncé à partir du Liban. Elle, qui l’avait retrouvé à 18 ans après avoir passée son enfance en Arabie Saoudite.
« J’aime le Liban, c’est mon pays. Il y a beaucoup de problèmes mais il a besoin de sa jeunesse, il faut rester » s'exclame Maya.

Les problèmes du quotidien, elle les répertorie dans son imagination et les publie sur son blog. « Ce livre est une façon de faire réfléchir. J’aimerais vraiment que les hommes politiques regardent mon travail.»

Le 15 septembre 2009, date d’une conférence sur le Web, sonne le tournant de son implication en faveur d’une forte blogosphère libanaise. Elle expliqu'« il faut encourager les bloggeurs, ils peuvent changer les choses. Les médias sont trop politisés, les blogs beaucoup moins. Ils nous permettent d’obtenir des informations alternatives».

Incomprise dans son cercle d’amis lorsqu’elle critique la société libanaise, elle trouve refuge dans les commentaires de son blog. « Ils me donnent confiance en ce que je fais ».

Son expatriation révolue est certainement la source d’un recul bienfaiteur pour critiquer sa propre société. « J’avais en Arabie Saoudite une vie de rêve, nous vivions comme dans une bulle. » Maya a du mal à comprendre les stéréotypes communautaires, « je blâme notre système éducatif, il faut cesser de séparer les communautés dès les premières années scolaires ».

Sky bar, clubbing ? Jamais ! « Tu peux le marquer ça, ce n’est pas de nos boîtes de nuit que l’on veut être fier, c’est de notre culture. Il n’y a pas que l’alcool, la fête et la chirurgie esthétique au Liban !! »

Concernant la religion, Maya reste plutôt sage. « C’est vrai que je n’ai pas beaucoup dessiné sur la religion, il faudrait que je le fasse. Mais les gens acceptent mes dessins parce que je me mets dans une position où je me ridiculise. C’est plus facile pour eux. Si tu critiques trop, les gens ne te suivent plus » conclue t'elle.

mercredi 3 mars 2010

Est-ce à quoi devrait ressembler une prison?

par Zahraa Mortada


Destination : Roumieh. Objectif : suivre une session de Drama thérapie animée par Zeina Daccache avec 40 prisonniers. Le sujet : projection de deux documentaires de Zeina Sfeir sur la guerre.

Déjà vu une prison ? Dans les films peut être… mais l’imagination n’est pas aussi frappante que la réalité.

Une longue distance sépare l’entrée initiale de la prison des bâtiments qui « hébergent » les prisonniers. Bloc D. des cris partent, ici et là. Dans la cour, des visages se dirigent vers les fenêtres, des conversations se nouent. Une mère discute avec son fils. Une femme fait au revoir de la main à un mari ou un père, qui 3 étages plus haut, la regarde à travers les barreaux. Ces barreaux ont été transformés sous les mains des prisonniers en des supports à linge, muant ainsi les façades du bâtiment en une toile de toutes les couleurs. Un tableau impressionnant pour les yeux de celui qui ignore tout de l’endroit, mais aussi choquant, accompagné de l’odeur de pourriture qui prend à la gorge.

Se mettre à la place de ceux qui habitent ce lieu, c’est se mettre à la place d’un criminel, d’un violeur, d’un psychopathe, ou au moindre des cas, d’un trafiquant de drogue. Essayer de s’identifier à eux, de se mettre dans leur peau, est un travail difficile, voir aux yeux de tous inhumain.

Invités et prisonniers se serrent pourtant les mains, s’échange les noms, ce qu’ils ont faits dans la vie, ce qu’ils fassent ici. Zeina Daccache, la star de la sitcom « Basmet Al Watan » joue le rôle d’animateur. Tous le monde sourit, ironie et sarcasme sont au rendez vous quelque fois. Dans une salle en longueur, se tiennent assis de part et d’autre des accusés et des curieux, cherchant à comprendre un peu. Jamal, perpétuité pour meurtre, hassan, 5 ans de prison pour drogue, Atef , Eddy, Yehya…

Ils ont commis des crimes. Ils le payent très cher. Jamal était condamné à mort, aujourd’hui il est à perpétuité. « Pour combien d’années la perpétuité ? » Une question qu’il demande à tous le monde. Il ne le sait pas. Pas d’avocat pour s’occuper de son dossier. Il est là, ne voit pas de famille, attend, toujours dans un coin, les pieds en x et les mains croisés, tel un enfant à qui on a interdit de marcher. Ils le répètent tous « dans la prison, celui qui a de l’argent survit, celui qui ne l’a pas va au diable ! ». Hussein a 61 ans, il souffre d’hypertension, la prison ne fournit que les médicaments de base « le Panadol est leur seul remède à tout ». Entassés dans de petites chambres, 5 à 6 pour une chambre comprenant un seul lit, ils ripostent pour un besoin de base «celui d’être des humains ».

C’est ce que tente de faire l’actrice Zeina Daccache. Depuis 2 ans, elle anime un atelier de dramathérapie au sein de la prison. Une cinquantaine de prisonniers participent plusieurs fois par semaine à des activités artistiques, visant à les aider à mieux supporter leur quotidien, et préparer leur réinsertion. Cette fois, elle a invité la réalisatrice Zeina Sfeir à présenter deux de ses documentaires.

La guerre, les larmes, l’humanité, l’injustice que reflète Zeina Sfeir dans ses films font vibrer tous ceux qui se trouvent dans la salle, au même rythme. Une fois la lumière rallumée, les prisonniers et leurs invités, des étudiants en journalisme, se mettent à débattre. Ils regardaient dans la même direction, et maintenant ils se regardent, autour d’une table ronde qui a pour but de partager. Qu’ont-ils à partager? La question se pose. Implicitement bien sur. Et la réponse vient, évidente, dans les paroles des prisonniers.

Les détenus critiquent. Ils parlent d’un monde meilleur. Ils donnent leur avis sur le confessionnalisme libanais. Ils rejettent la guerre, la violence. Ils dénoncent le régime. Lancent des discours intimidant : « On parle des droits de l’homme ? Ou sont les droits de l’homme ?! ». Ils s’indignent, confessent aussi « la présence de Zeina, votre venue ici pour nous voir, nous rappelle que nous sommes encore des êtres humains ». Parmi eux, deux personnes ont un petit cahier dans la main, ils prennent des notes, prennent la discussion au sérieux. Suivent Zeina avec attention.

"ils ripostent pour un besoin de base, celui d’être des humains"


A première vue, son projet de réhabilitation laisse un grand impact sur eux. Par le théâtre, elle a su les faire parler, les faire revivre. Assis là a compté les heures de leur libération, et a manigancer des projets de vengeance, ils ont trouvé une autre voie, un peu plus différente. Une bande de musicien s’est créée par exemple. Ils font des cours de musique, ont sorti une pièce de théâtre et un album. Une de leur chanson dit « la tolérance a plus de grandeur que la justice ».

N’ont-ils pas raison ? Rien n’élimine leur criminalité. Aujourd’hui, ils le sont toujours, et doivent payer le prix. Mais comment ? Être privés de liberté – comme le dicte leur sentence- ou être privé d’humanité ? Être poussé à regretter leurs crimes, ou être induits à plus de criminalité ? Sur le mur de la chambre où ils prennent leurs cours de Drama thérapie, un prisonnier a écris une phrase d’Abraham Lincoln qui dit « j’ai toujours trouvé que la clémence donnait plus de fruit que la stricte justice».



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© Daliah Khamissi

mardi 2 mars 2010

Ermite de Kadisha




Un prêtre colombien, Père Dario Escobar, après des années de vie active, a choisi la vie en solitaire. Il s’est installé dans la vallée Kadisha – une des plus belles régions du Moyen Orient.
Kadisha est une pittoresque vallée au Nord du Liban sur le chemin vers la réserve des cèdres bibliques. Le calme et le panorama, à couper le souffle, rendent le lieu propice à la méditation. Depuis des siècles, c’est donc l’endroit qui abrite les couvents et les ermitages. C’est la raison pour laquelle Kadisha en syriaque signifie la Sainte.
De Haouqa, un village entre Ehden et Becharre, il faut descendre à peu près 1 km en prenant des escaliers rocheux jusqu’à l’église Notre-Dame et les ruines d’une ancienne école de 1624, où jadis, on enseignait six langues. En partie construite dans plusieurs grottes, creusées par la nature dans la montagne, elle est devenue un asile pour le Père Dario Escobar, un Colombien, qui depuis dix ans mène une vie d’ermite.
Memento mori
Le lieu est significatif, car le Père Dario lui-même est ancien professeur de théologie et psychologue clinique, spécialiste de la thérapie de couple, connaissant diverses langues étrangères, y compris le dialecte indien Guajiro, les langues anciennes et l’allemand, qu’il a appris pour pouvoir lire les livres du cardinal Ratzinger, aujourd’hui le pape Benoit XVI.
Habillé en noir, avec une longue barbe grise, le père Dario affiche un air sombre. Si quelqu'un n’est pas prévenu de son existence, il pourrait même faire peur. Toutefois sa nature gaie, son sourire et son sens de l’humour mettent tout de suite à l’aise. Costaud, droit, il ne fait pas ses 75 ans.
L’endroit est charmant avec un vieux noisetier, un petit jardin et un panorama de vallée magnifique. En haut des ruines de l’école, père Dario a arrangé une minuscule cuisine et un bureau, bourré de livres religieux et de dictionnaires. La bibliothèque est dominée par un crâne.
« Memento mori. Pour me rappeler de la mort », dit-il.
Sur la fenêtre, un drapeau d’un parti libanais de la région sert de rideau. Sur la porte, il a écrit que toutes photos sont interdites. « Mon ami m’a dit que mon profil a été créé sur Facebook, désormais j’ai décidé de limiter mes contacts avec les visiteurs et surtout je ne veux plus être photographié» raconte-t-il gêné. Il dort dans une grotte, sur un tapis de paille. Une pierre lui sert de coussin. Sur une étagère creusée dans la roche, on trouve des habits spéciaux pour l’exercice de mortification et de pénitence. Pendant l’année il observe 6 carêmes. Ses journées commencent à minuit et sont constituées de 14 heures de prières, trois heures de travail, deux d’études, cinq de sommeil, coupées par un repas végétarien.
« En principe ça me suffit, ce que je cultive au jardin, seulement j’ai la concurrence des sangliers et des écureuils. Parfois aussi des touristes, qui visitent les ruines."
Un futur promettant
Pourtant ce fils d’une famille de sept enfants, plutôt aisée du Medellín, une grande ville du nord-ouest de Colombie, avait devant lui un futur brillant. Avec nostalgie, il se souvient de son enfance : « Mon papa était propriétaire d’une grande usine de glace. Nous avons vécu confortablement » admet-il, mais il n’aime pas souligner qu’il était riche. A 11 ans, Dario rejoint un petit séminaire de la Congrégation de Jésus et Marie, fondée par St. John Eudes, à Medellín, pour poursuivre son éducation à Bogota, puis aux Etats-Unis et en Europe. Entre temps, il devient prêtre. Enfin, il se retrouve à Miami où il souhaite devenir conseiller marital et s’occuper des groupes de prière. Malheureusement, l’évêque latin lui refuse. « C’était un signe de Dieu, car un prêtre maronite m’a proposé de travailler dans sa paroisse. J’ai reçu du pape Paul VI la permission de célébrer la messe en rite maronite.» - raconte-t-il. « Un jour j’étais très occupé et j’ai dit que je n’en pouvais plus. Une voix intérieure m’a dit de quitter la vie active et commencer la vie contemplative, avec les moines». Puis, il est invité au Liban pour faire connaissance de la vie monastique. Après la permission du Pape Jean Paul II, il rejoint l’Ordre Libanais Maronite et devient moine.
Avant que Père Dario décide de vivre dans la solitude, il voyage du Liban en Colombie via les Etats- Unis. A l’époque, la lutte contre le trafic de drogue et la mafia de Medellín de Pablo Escobar bat son plein et lui vaut quelques ennuis.
« Des tampons pour Medellín, Beyrouth, Miami et avoir le même nom qu’un trafiquant dans mon passeport m’a coûté trois heures d’investigation bien que je ne sois pas de sa famille».- dit-il amusé.
Un ermite du XXI siècle
Enfin, père Dario sent sa vocation d’ermite bien que son supérieur veuille qu’il enseigne à l’Université de l’Ordre. Les ermites ont toujours été traités avec un grand respect et les gens venaient chez eux pour leur demander conseils. Père Dario, lui, confesse et aide surtout les couples mariés « Les gens ne communiquent plus. Le dialogue c’est d’accepter la volonté de l’autre » - souligne-t-il, « Dans le mariage nous devons éviter les mots « jamais », « toujours »,
« pourquoi » ».
L’ermite est aussi un prêtre exorciste, dont sa formation de psychologue lui est très utile. Bien connu par les habitants de la région, ces derniers lui amènent de la nourriture et lui ont installé l’électricité. Avec cette petite trace de modernité, Père Dario peut préparer des traductions pour son couvent. Sa première bouteille de gaz lui a servi pendant 6 ans. Les seules liaisons qu’il ait avec le monde extérieur sont les gens et les confrères du couvent de St. Antoine de Qouzhaya qui le visitent. « J’ai quitté ma famille, ma patrie, la vie active. Ma santé est dans les mains de Dieu» ; il ne veut pas que ses nombreux neveux et nièces lui rendent visite au Liban.
Dans la vallée Kadisha il y a encore trois ermites dont une femme, mais seulement Père Dario est ouvert et d’accord pour les visites. Peut-être à cause de ça, il est devenu une célébrité dans la région. De plus en plus de journalistes lui rendent visite. Pourtant le contact avec les gens et les petites traces de modernité ne changent rien dans la philosophie de la vie d’ermite.
« J’ai atteint la paix et l’équilibre intérieur. Je ne peux imaginer une autre vie », conclut-il
.

lundi 1 mars 2010

Commémoration de l'assassinat de Rafic Hariri

Comme chaque année, le 14 février, des dizaines de milliers de Libanais se sont rassemblés sur la Place des Martyrs au centre ville de Beyrouth, pour se commémorer l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Cet attentat ciblé avait déclenché la Révolution du Cèdre menant au retrait des troupes syriennes du Liban en 2005.



Diaporama photo

Par Delphine Darmency



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Photographies prises le 14 février 2010

mardi 23 février 2010

Mise à jour

Salut,

Merci à tous ceux qui ont lu nos articles.
On a eu beaucoup de bons commentaires,
et nous vous signalons que de nouveaux
articles seront en ligne à partir du 1er Mars.

Pour ceux qui veulent publier leurs articles
sur le blog, n'hésitez pas à nous contacter à
hirondelles.beyrouth@gmail.com

A Bientôt,
Les Hirondelles.

vendredi 29 janvier 2010

Dans les camps palestiniens, on joue encore aux billes…

1, 2, 3, soleil ?
par Zahraa Mortada

Que de vacarme! Une sieste l’après midi? Difficile. Une femme hurle du haut de son balcon "allez jouer ailleurs!". Des rires fusent d’ici et de là, une poignée d’enfants s’enfuit en jetant des cris. "les petits démons!" lance un vendeur de la porte de son petit magasin.

On est à Burj Al Barajina, un camp palestinien situé dans la banlieue sud de Beyrouth.

Il n’est peut être pas l’un des meilleurs de la ville, mais il est en tout cas le plus grand.

Wadii, Hussein, Alaa, Mohamad, tout à la joie d’avoir fini leurs cours, se baladent dans les rues. Ils jouent, Rencontrent d’autres amis, continuent ensemble leur chemin, et n’oublient sûrement pas, au passage, de faire les petits malins.

Leur destination: "al saha" (la place). C’est ainsi qu’ils appellent ce petit bout de terre qui fait 6 m2 au plus et constitue leur lieu "légitime" de jeu. Clôturé des 4 cotés par des maisons, avec 2 petites issues. Là, pas de voitures, pas de "grandes" personnes qui hurlent leur frustration…

Cette place est si petite qu’elle n’a jamais pu contenir leur soif d’enfants. Ainsi, et tout naturellement, le camp en entier s’est transformé en terrain de jeu. Il s’y déchainent, loin des murs de leurs étroites maisons, et de la surpopulation qui y règne.


Le camp en entier s’est transformé en terrain de jeu

En dépit des voitures et des motos qui prennent à elles seules toute la superficie de certaines rues, en dépit de la colère des adultes qui cherchent quelques moments de répit, ces enfants n’ont pas de limites à l’intérieur du camp. Ils peuvent jouer au foot en plein milieu de la rue, faire la course au centre d’un marché, grimper sur les barrières des maisons… un moyen de respirer peut être? qui sait…

Fiers, ils affichent l’air d’être les maîtres des lieux. Pas une parcelle de terre qu'ils n'aient foulée, Pas un mur qui n’ait échappé à leurs petites mains. Hussein est capable de faire le guide, des lieux et des personnes en même temps « ici, tous le monde se connait » clame-t il fièrement.

A quoi on joue ?

En effet, à quoi joue-t-on dans ses mini-ruelles ? revenons à nos souvenir d’enfance, et parfois, à ceux de nos parents.





Vous souvenez-vous des billes ? vous souvenez-vous du saute-mouton, de voleurs et chasseurs ? de « fathi ya warda, sakri ya warda », du jeu des pierres, de la marelle ? des ces jeux tombés quelque peu en désuétude suite à l’invasion des Playstations et de l’électro jeux.

Ces jeux constituent leur petit monde d’enfants. Ils les citent à l’unanimité, en expliquant leurs règles. A part quelques heures par semaine dans les cafés internet, délaissés car cher pour leurs bourses, ces jeux constituent leur seul choix possible. Heureusement pour eux.

Les billes deviennent un trésor, ils les amassent d’années en années. Alaa retire de sa cachette une grande bouteille de 3 litres d’eau, remplie à moitié par des billes. Son trésor attendait au coin que vienne le printemps.

La saison des billes

Ali, un habitant du camp, nous parle de la saison des billes, et explique pourquoi ce jeu est toujours en vogue dans le camp (voir le diaporama si dessous)





Traduction de la vidéo : Le jeu de billes est un jeu de saison : Quand le printemps arrive et que les enfants peuvent sortir avec plus de liberté. Un ou deux des enfants lancent le jeu, et tous les autres ressortent leurs billes ! Ils les amassent d’année en année et utilisent chaque année ce qu’ils récoltent. Ceux qui n’en ont pas en achètent. On en voit tant dans les camps car il n’y a pas d’autres choix de loisirs, il n’y a pas de jardins ni de terrains de jeu… il n’y a que des petites passerelles de rues où ils ne peuvent se permettre que certains jeux, comme les billes, chasseurs et voleurs, saute-mouton… Ils ne peuvent pas jouer au foot par exemple. Au plus le font ils à deux dans une des ruelles, sinon ils louent un terrain de jeu à l’extérieur du camp. La place que vous avez vue est une des plus grandes du camp. Il n’y a plus beaucoup de place pour les jeux des enfants car d’année en année la construction augmente: Les parents veulent marier leurs enfants et agrandissent leurs maisons, les enfants grandissent et ont besoin de plus de place, pour étudier, s’éduquer…

Les billes n'ont pas fini de rouler dans le camp de Burj Al Barajina.

Beyrouth, la nuit!

Par Tina Bou Safi et Rana Hamed

Incroyable soif de vie. Nombre infini de choix qui s'offrent en terme de vie nocturne.
Pubs rendant chaque nuit comparable a un samedi soir.
(pour ceux qui ont une connexion lente, Attendez un peu, ça vaut le coup!! Et pour entendre le son, cliquez sur le petit icone d'haut parleur.)



Adieu Ma’oua, bienvenue la maison de soins

Vieux et vieilles, ne vous inquiétez plus!

Par Salma Abou Assaf

Loin de l'image que nous nous faisons de l'asile triste et décrépi, certaines maisons de soins accueillent nos grands-mères et grands-pères pour leur rendre le sourire. Exemple avec la Maison Maronite.

Fondée en 1950 à Furn El Chebbak, la Maison Maronite a la capacité d’héberger 104 personnes âgées des deux sexes, de différentes confessions, autonomes ou dépendantes mais ne souffrant pas de malformations physiques ou de retard mental.

Actuellement 89 femmes et 15 hommes du troisième âge résident dans la Maison Maronite d'hebergement et de soins. Ce qui leur assure le bien être et la sécurité. Ils n’ont qu’un seul souhait, qu’on leur rende visite plus souvent.

Chiites et Sunnites bienvenus

La directrice de la maison Sœur Suzanne Abdallah explique que le ministère des Affaires sociales prend en charge 20% des résidents et paie la somme de 4000 LL pour chacun par jour.

Par ailleurs, le ministère de la Santé publique prend en charge, environ 55% des résidents et paie 15000 LL par jour. Le même résident ne peut pas bénéficier de la contribution des deux ministères. Un plafond annuel concernant le nombre des personnes prises en charge par l’Etat est établi et les autres sont couvertes par leurs propres moyens, par des dons et par l’association des sœurs de Sainte Thérèse.

Sœur Suzanne ajoute que la Maison Maronite accueille des chiites et des sunnitesPas de distinction, tous sont traités de la même façon», précise-t-elle. Des médecins spécialistes auscultent les vieillards deux fois par semaine. Des groupes d’infirmières diplômées sont là en permanence. Un psychiatre aide les résidents s’ils ont des problèmes. Quant aux dons, Sœur Suzanne assure que la maison en reçoit avec une générosité extrême, surtout de la part des musulmans à l’Adha.

Le bâtiment de quatre étages est divisé suivant les niveaux sociaux des personnes âgées. Le premier consacré aux pauvres qui ne peuvent pas payer. Les chambres contiennent chacune trois lits.

Le second pour la catégorie moyenne. Les deux derniers sont pour les gens riches. Mais le point commun entre ces étages est la propreté, le visage souriant des employés et des personnes âgées qui ne réclament qu’une seule chose : qu’on les visite de temps à autre et qu’on ne les oublie pas.

Olga n'oublie jamais de se maquiller

Le long couloir du premier étage renferme une dizaine de chambres. Très modestes et très propres. Ces chambres consacrées aux résidents pauvres comprennent chacune : trois lits, une télévision et une armoire pour chaque résident.

Olga (68 ans), alitée depuis quatre mois à cause d’une fracture au niveau du pied n’oublie jamais de se maquiller chaque matin.« J’ai changé de logement mais j’ai toujours le même esprit. »

Sa voisine Asma (72ans), mère de famille, est très fière de ses enfants. Elle demande sans cesse que le bon Dieu les protège. "C’est moi qui ai décidé de venir ici. Mes enfants sont mariés et chacun a sa famille. Ici c’est mieux."
Asma explique que Madame Cherry est une nouvelle résidente. "La pauvre elle vient de perdre son mari. Ses enfants ne veulent plus d’elle à la maison . Ils l’ont emmené ici malgré elle".

"Comment je serai dans 40 ans"


Avec une rapidité remarquable, l’infirmière Norma saute d’une chambre à l’autre. Elle donne les médicaments à une vieille. Passe ses mains sur les cheveux d’une autre. Interdit au vieux de fumer en lui promettant de le laisser faire le lendemain. Assure à un autre qu’elle va retourner chez lui à la fin de sa tournée:
"Je travaille ici depuis quinze ans. Je suis tellement attachée à cet endroit. La joie de Sainte Thérèse envahit mon cœur. Ce qui me gêne le plus c’est lorsqu’un vieux nous quitte . C’est triste car je passe la plupart de mon temps ici. Je suis habituée à les voir chaque jour. Mon travail m’a permis de voir comment je serai dans 40 ans."
Maha qui réside là depuis 7 ans raconte le déroulement de sa journée: « Je me lève le matin. Parfois je porte des habits, parfois je garde ma robe de chambre. Ici il n’ya pas de problème. Je lis mes livres de prières. Je termine vers 10 heures. Je visite mes amis dans leur chambre. On bavarde un peu jusqu’à l’heure du déjeuner. Après on fait la sieste. Le soir on regarde la télévision. Je suis très contente ici. Je ne gêne personne. Les rumeurs qui circulent à propos de ces établissements sont irréelles même destructives car elles découragent les personnes âgées à entrer ici. J’invite les gens à venir visiter cet endroit pour avoir une idée claire de ce qui se passe dedans. »

Fadia (70 ans) demande à toutes les personnes âgées qui ont peur de quitter leur famille et de venir vivre dans des maisons de repos de venir voir ces endroits pour changer d’avis. "Ici, ce n’est plus le Ma’oua d’autrefois. Il faut barrer du dictionnaire le mot asile qui fait peur et qui a une connotation tabou pour la plupart " ajoute -t-elle.

Le cas de Jamilé est délicat. Elle est paralysée. On lui donne le bain dans le lit. Elle remercie Dieu d’être ici. « On me traite d’une façon formidable. Personne de ma famille n’a pu me supporter comme eux

En entrant dans la chambre de Nabiha tu te rends compte que tu es au quatrième étage. Bien meublée, un miroir décore le mur, une couverture imprimée, un vase plein de belles fleurs, un réfrigérateur et une télé.

Mirna (70 ans) a l’air triste. Elle n’est pas encore habituée à cet endroit." J’aime retourner chez moi voir les voisins et rester en famille, ici je me sens en prison."

Edouard est parmi les 15 hommes résidant ici : "J’ai envie de retourner dans mon village, mais qui va prendre soin de moi?"




Étonnant est le sens humoristique de sœur Clotilde paralysée depuis 50 ans. Avec un doux sourire, elle dit qu’elle a accepté la volonté de Dieu. Elle tricote des caches de boites de serviettes. Une grande photo, celle de son frère Père Albert Cherfane (détenu lors de l’invasion Syrienne du Liban le 13 octobre1990) occupe le dos de l’armoire en face d’elle "J’attends toujours son retour" dit-elle.

Au Liban, 48 établissements d’hébergement accueillent plus de 4000 personnes du troisième âge. La moitié de ces établissements se localisent au Mont Liban. Les autres se répartissent entre le nord, Beyrouth et au sud. Tous sont à but non lucratif et non gouvernementaux.


Le secteur illégal attire les jeunes diplômés


Par Nadine Chalak

Au Liban, le service de l’internet ADSL ne peut pas couvrir tout le territoire. Ces "trous de réseau" sont parfois pris d'assaut par des entreprises hors de la légalité. Une aubaine pour les jeunes diplômés qui optent pour le travail libre. Ils espèrent pourtant une légalisation de leur situation alors que l’Etat les menace de poursuites.

Gérer librement

"Argent facile, temps libre, pas de boss au dessus de moi…", des raisons faciles à comprendre qui ont poussé Gérard 29 ans à créer sa propre petite entreprise au Liban.

Possesseur d’une Green Card américaine et diplômé en électrique de l’université de Dallas aux Etats-Unis, il a préféré entamer un travail considéré illégal au Liban, plutôt que de continuer dans son ancien boulot comme directeur de 29 magasins de T-Mobile Dallas.

«Si le gouvernement arrête "l'internet (Wireless) illégal", on cherchera d’autres domaines qui seront peut être illégaux aussi, mais produiront plus d’argent que le secteur public et privé où on ne sent pas le mérite ».

Entre le choix de rester ou de partir

De nombreux étudiants libanais sont diplômés chaque année. Une grande partie préfère travailler et continuer la vie à l’étranger.

L’autre, est celle qui reste au Liban et qui se divise en deux :
  • l'une qui se soumet au destin, travaille dans des entreprises privées et publiques. Le résultat : manque de mérite et de respect.
  • L'Illégalité est le choix de l’autre. Celle-ci préfère résister face à son destin pour pouvoir assurer son avenir. Les petites entreprises illégales forment une des bonnes solutions pour elle.

«J’appartiens à cette catégorie. Au Liban c’est le meilleur choix pour les jeunes qui préfèrent vivre à côté de leurs familles et amis que de partir à l’étranger» réplique Gérard avec fierté. Il sent bien que son avenir est assuré, même avec une grande probabilité que sa petite entreprise s'arrête.

Celle-ci est de nouveau menacée par la décision du gouvernement d’arrêter le service de l’internet clandestin pour des raisons différentes.

«Des fois ils disent que les stations de diffusion internet (Wireless) affectent celles des diffusions des ondes de téléphones portables. L’autre raison est le manque du permis. Mais avoir un permis est beaucoup plus difficile dans un pays où le népotisme règne tous les niveaux ».

Témoignage vivant d'un jeune diplômé. Son but: construire un bon futur



La guerre du HUMMUS

Par Linda Hamed et Tonnie Tannous


Officiellement, le Liban et Israël sont en guerre depuis 60 ans. Mais durant les derniers mois, ils semblent avoir trouvé un nouveau champ de bataille: Le HUMMUS.

La censure au Liban: Chaque jour est une fête

La pellicule brûle

Par Sana'à Al Khoury


Des critères élastiques et absurdes gèrent la censure sur les œuvres cinématographiques et théâtrales au Liban. L'année 2009 a connu plusieurs cas de coupures et d'interdiction. Un comité d'avocats et d'activistes pensent changer l'état des lieux.

Le vieil homme était en train de raconter une histoire. Celle d’une maison qu’il a construite avec de la terre et du sable, puis reconstruite une fois détruite par un séisme…

Aux côtés de sa vieille femme, devant les murs qui restent de sa maison, il nous raconte qu'il a renoncé à sa reconstruction une fois détruite par la guerre.

Mais le public de «Semaan au village» (Sema’ an bil daya’a ) dans les salles du cinéma n’a pas pu savoir la suite. Les cinq minutes qui relatent l’expérience de ce couple de déplacés, qui ont quitté leur village au Chouf (Mont-Liban), ont été coupées par la censure. Leur histoire constituaient "une menace à la paix publique, et une instigation aux turbulences intra-confessionnelles".

D’autres histoires ont été censurées… Celle d’une prostituée, celle d’un homosexuel, celle d’un enfant des rues, celles des femmes racontant leurs vies sexuelles intimes, celles de Nancy et ses songes sur la guerre. Et d’autres.

Celles-ci entravaient la morale, la décence et l’intérêt public. Comme si leur interdiction sur les écrans, masquait leur lourde présence dans la vie réelle.

Ces trois règles absolues sont les arguments qu’avance la censure libanaise pour interdire une œuvre cinématographique ou théâtrale.

Avant la fin de 2009, plusieurs cas de censure ont eu lieu.

  • Retrait du permis de diffusion de Help, premier long métrage du cinéaste libanais Marc Abi Rashed.
  • Coupure de cinq minutes du «The one man village», premier documentaire de Simon Haber.
  • Interdiction de deux longs métrages du cinéaste Paolo Benvenuti, après l’avis du «Conseil Catholique des médias». Ce dernier donne, avec d'autres institutions religieuses, des avis "consultatifs" aux fonctionnaires de la Sécurité Générale.
Simon Haber et Marc Abi rashed Nous racontent leurs expériences:









Devant cet état des faits, un ensemble d’artistes, d’avocats, d’intellectuels, d’activistes, et d’institutions culturelles indépendantes («Metropolis», «Beirut Art Center», «Beirut Dc», «Shams »…) ont lancé une initiative pour changer la loi gérant la censure au Liban.

Dans un comité spontané, qui est en train de s’agrandir, ils se sont réunis pour les objectifs suivants :
  • Annuler la censure préalable monopolisée par la Sécurité générale
  • Œuvrer pour le changement de la loi de 1947 qui gère la question de censure, en convainquant les députés de présenter un projet de loi
  • Relier les mécanismes des protection des mineurs ou de l’intérêt public à un groupe d’organismes indépendants.
  • Les personnages ou groupes qui se sentent lésés par une œuvre auront recours aux tribunaux, qui évalueront la justesse de leur cause.
Le bureau de l’avocat Nizar Saghié, a pris en charge la préparation d’une études juridiques, qui englobera tous les cas de censure depuis les année 90 jusqu’à présent.

Nayla Geagea, une jeune avocate, y travaille depuis des mois sur un rapport détaillé de tous les cas de la censures préalable et arbitraire.

Elle nous raconte le trajet que les artistes doivent entreprendre pour mettre à terme un film ou une scène :

  • Un permis sur le Scénario. Celui là peut être coupé et même édité. On demande aux candidats de changer réplique ou mot.
  • Un permis de tournage
  • Un permis de diffusion

Selon Geagea, il n’y a aucune loi qui dicte un permis de tournage. C’est l’exercice de la Sécurité générale qui impose une procédure aussi entravante. Les éléments de cette loi date du mandat français, et Geagea qualifie ces critères de censure d’«élastiques, et absurdes, usant de termes très généraux». Le rapport de Geagea sera publié lors d’un congrès.

De son côté, le journaliste et critique Pierre Abi Saab juge la censure préalable - telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui - d"illégale". Avec un grand nombre d'artistes, de juristes et d'intellectuels, le chef du service culturel du quotidien Al-Akhbar se demande: Le public libanais est il mineur pour qu'un tuteur quelconque lui indique que voir ou ne pas voir?

Voix de Pierre Abi Saab


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La mémoire de Beyrouth entre les "murs" de la maison jaune

Raconte-moi une maison

Par Delphine Darmency


Il était une fois une maison jaune, magnifique, fascinante, née dans les années 1920, symbolique à plus d’un titre de la vie des Beyrouthins. Emblème archéologique, pluralité de ses habitants et position stratégique de la guerre civile sur la ligne de démarcation Est-Ouest. L’immeuble Barakat, du nom de ses anciens propriétaires n’a pas fini de faire couler de l’encre. Il deviendra dans les prochains mois ou années le Musée de la Ville de Beyrouth.



«
- Et la vitrine…
- Tu te souviens de la vitrine ?
- On était petit ….
- Et la cuisine ? ah l’évier ?
- Il était jaune non ?

»




« C’était une maison magique, avec des très beaux meubles en damasquin, une sorte de caverne d’Ali Baba ou de labyrinthe de tapis » se rappelle Ghosn qui venait voir son oncle, Najib Tannous Chemali, dentiste et habitant au 1ère étage de la maison.

Son architecture innovante

Dès sa construction, elle sortait du lot. Son architecte, Youssef Aftimos y a mis tout son talent pour qu’elle devienne unique. Il entreprit une combinaison de pierre naturelle et de béton armé (alors technique toute récente) pour la construire. La couleur jaune venait de l’enduit utilisé, comme le révèle la plupart des bâtiments de cette époque.

« C’est un génie d’avoir ouvert la façade sur les trois côtés » d’après Jad Nasrallah, journaliste ayant suivi l’histoire de la maison. Aftimos fut l’un des premiers à mettre en avant les terrasses, avec notamment une vue à 180 degré, soit dit en passant quasiment « impossible à réaliser ». Il a réussi également à créer « la perfection au niveau de l’orientation » des chambres, permettant à celles-ci d’être illuminées tout au long de la journée. Puis il a créé un escalier secondaire pour les « bonnes », sans qu’elles aient à passer par la zone d’habitation familiale. Ce qui « reflétait la vie bourgeoise des Libanais ».

La maison s’est bâtie en deux temps. Aftimos a commencé les travaux pour le rez-de-chaussée qui comportait 8 magasins (coiffeur, épicier, vendeur de tapis, cordonnier, mécanicien, ……) et le 1er étage. Puis un de ses élèves a pris la relève, Fouad Kouzah, s’ inspirant des 1ers croquis de son maître.

Sa position symbolique


La guerre civile libanaise a débuté au Liban en 1975 pour durer une quinzaine d’années, laissant les libanais se combattre les uns contre les autres. Il existait deux zones à Beyrouth : l’Est et l’Ouest séparés par une ligne de démarcation, la ligne verte, nommé ainsi par l’affluence de verdure là où plus personne n’osait s’aventurer.

La maison jaune était sur cette ligne de démarcation et a servi de zone stratégique pour les milices, notamment le tireur du Barakat qui y a vécu, l’immeuble ayant été intégralement abandonné par ses habitants. Ceux-là sont partis sans laisser aucun contact.

Jad Ghostine, ancien major de l'ALBA, nous relate la vie de ce franc-tireur pendant la guerre civile:







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Pour la petite histoire, Amo Najib Tannous Chemali, un des membres fondateurs des Kataëb avait pour voisin Khalil Fallahah, d’origine palestinienne (ennemis direct durant la guerre civile). C’est ce qui en fait un symbole également de la pluralité libanaise à trait laïc. Ses habitants étaient indifféremment chrétiens, musulmans, palestiniens ou arméniens.

La bataille pour sauver la maison jaune


C’est l’artiste Rita Aoun qui s’intéresse la première à cette maison délaissée en 1994. Elle pense déjà y faire un lieu de mémoire.

« J’ai passé des heures là bas à imaginer une journée banale de la guerre, de ces combattants, comment ils se parlaient, ils faisaient le café,… »

Son combat pour sauvegarder la maison est repris par Mona Hallak, architecte, qui va mener la lutte jusqu’à obtenir en 1998, l’annulation de la démolition de l’immeuble Barakat.






La maison jaune est désormais propriété de la municipalité de Beyrouth qui, en partenariat avec la mairie de Paris, va rénover le bâtiment en Musée de la Ville de Beyrouth.







La mémoire des libanais amnésique ?



« Un lieu de mémoire mais de quelle mémoire ? de la guerre civile, je ne vois pas de quelle autre mémoire. Je ne pense pas qu’il y ait une autre mémoire qui soit aussi intéressante et aussi évidente que celle-ci » s’exclame Rita Aoun.

Pour Ralph Eid, responsable du projet au niveau de la municipalité, les traces de la guerre civile seront toujours présentes. Il préfère ne pas s’exprimer tant que le projet n’est pas définitif. Des experts parisiens doivent effectuer leur 5ème mission à Beyrouth au courant du mois de février; s’en suivra le grand lancement du projet en public au mois d’avril.

Jad Ghostine nous explique les grands traits de son projet d’étude « Red Line » réalisé en 2005, imaginant un mémorial de la guerre civile à l’emplacement de la maison jaune :






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Photo d'ouverture: Municipalité de Beyrouth/Droits réservés

Balade dans les souks disparus de Beyrouth

Mémoire perdue
Par Rima Harfouche

En plein cœur du centre ville, de nouvelles ruelles flambant neuves vous attirent comme un bijou. Ce sont les fameux souks de Beyrouth, notre orgueil national et les gardiens de la mémoire du peuple. Réduits en poussière par quinze années de guerre, les voila ressuscités trente ans après. Mais bizarrement, un sentiment d’étrangeté vous parcourt et un malaise vous prend à la gorge en les traversant.

Passé le moment euphorique des retrouvailles, on a l’impression de s’être trompé simplement d’adresse. Est ce vraiment cela les fameux souks dont on nous rabâchait les oreilles pendant toutes ces années ? Difficile à croire que ces ruelles pourtant très bien dessinées, élégantes et sophistiquées sont les fameux souks disparus.

On se croirait n’importe où à Dubaï ou au Qatar mais pas au cœur du Beyrouth d’antan. Un triste décalage quand on connaît belles descriptions qui circulent à propos des Souks de Beyrouth.


Les pancartes indiquant le nom des ruelles sont toujours là mais vide de leur contenu et de leur sens. Les rues qu'elles indiquent ne sont désormais qu'une succession d'enseignes de mode internationales.
Les Libanais se souviennent bien de la période d’avant guerre. Avec le Souk Ayass, par exemple, au milieu duquel trônait une fontaine entourée de rafraîchissements et de gourmandises,la fameuse «Birkét el-Aintabli» : jellab, souss, citronnade, moghlé, achetaliyé... s'offraient aux caprices des passants. A gauche, c’était Souk el-Tawilé ,la ou les dames élégantes de la capitale s'habillaient.

En face, c’était le restaurant «Ajami», renommé pour ses spécialités orientales et pour sa glace sahlab et musc. Un peu plus bas,l'entrée du Souk el-Samak, où chaque marchand vantait la qualité de ses poissons frétillant encore dans des paniers larges et ronds : daurades, merlans.

Voila le témoignage sonore d'une personne qui a côtoyé les Souks d'antan. Quelle différence avec les images actuelles! (voir la vidéo)


Au fond c’était la «place de l'Opéra», avec son fameux cinéma. A gauche, le Souk el-Wi'yé où l'on vendait du tissu au poids. Puis c'est «Béranger» devenu proverbial pour la cherté de ses articles : on disait bien «cher comme Béranger» Enfin, on trouvait «Zahar», «Le Petit Poucet», «Fayad», des hauts lieux de la coquetterie enfantine.

Plus loin, les marchands ambulants de citronnade faisaient tinter leurs gobelets pour attirer les passants. Tout ce qui fait l’âme d’une ville a disparu finalement, rasé par la guerre.

Le projet Solidere

Mais à quoi donc est du un tel gachis? Un haut responsable de Solidere, la société qui a rénové le centre ville, explique que la reconstruction des Souks de Beyrouth fut le plus beau défi que s’est lancé Solidere.

Le projet, inauguré en octobre 2009 est loin d’être achevé. Son coût final est estimé à 100 millions de dollars, il comprendra six complexes urbains répartis sur une superficie globale de 60 000 m2. Il regroupera commerces, bureaux, cinémas, restaurants et espaces verts. Des vestiges archéologiques seront également intégrés au paysage.

Le responsable precise que les souks ont été durement touchés par la sauvagerie de la guerre, d’où l'impossibilité de les reconstruire à l’identique. De grands architectes et un paysagiste français Olivier Vidal ont été sollicités pour replanter le décor des anciens souks dont l’Espagnol Rafael Moneo. Souk de Beyrouth, Downtown Beirut
Ainsi, les nouveaux Souks,ne possèdent pas l’âme unique des anciens lieux, car cette âme a disparu dans la guerre. Mais notre responsabilité sera de les repeupler de notre souffle, de notre âme et de notre mémoire. Et de les léguer intacts à nos enfants.


(en diaporama, une version avant/après des souks)




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Photos tirées de La Mémoire de Beyrouth, Ayman Trawi.


(en vidéo, des portraits de vieux souks)


Les pêcheurs des égouts de Beyrouth

Le péché originel?

Par Elie Wehbé

Le Liban est connu par la richesse de son littoral, qui a longtemps été une référence pour les pêcheurs de la Méditérranée. Cette réputation a lentement disparu au cours des dernières années, notamment à cause de la pollution et les techniques contestables auxquelles ont recours les pêcheurs libanais.

Le temps est beau. La mer est calme. Les conditions sont parfaites pour pêcher. Abou Ahmad prépare sa canne, et se dirige vers la corniche de Beyrouth, sanctuaire de renommée mondiale pour les pêcheurs libanais depuis plus de 2000 ans.

Arrivé à destination, le vieux pécheur commence sa marche pour choisir le meilleur emplacement sur la corniche. Ce promontoire longe la mer sur plusieurs kilomètres, ce qui accorde une vue imprenable sur la Méditerranée. Étrangement, on ne rencontre aucun pêcheur sur la partie nord. Abou Ahmad, lui non plus, ne s'arrête pas ici. Il continue à se diriger vers le Sud.

À mi-chemin: un autre monde. Une odeur nauséabonde pourrit l'air. La mer, elle, change de couleur. C'est le genre d'endroit qu'on évite.

Surprise: Des pécheurs ont déjà commencé la pêche ici. Abou Ahmad les salue, puis les rejoint. "La sortie des égouts est un paradis pour les poissons, ils aiment venir ici pour se nourrir" explique Abou Ahmad. "Le poisson est sensible, il meurt facilement s'il mange quelque chose qui nuit à sa santé", ajoute le vieux pêcheur.

Cette pratique est devenue très normale parmi les pêcheurs de cette région. Mais elle soulève beaucoup de questions sur la santé et l'environnement: Comment expliquer ce phénomène qui se propage de plus en plus sur le littoral libanais? La situation des pêcheurs est-elle si précaire qu'ils ont recours à cette pratique dégoutante? Comment savoir si les vendeurs de poissons pêchent à la sorties des égouts?

Les égouts de la mer Méditéranée
(voir la vidéo)




La vente des poissons

Dans la grande "Poissonnerie du Liban", sur l'autoroute Antélias, un vendeur assure que les poissons qu'il vend sont "très propres" et proviennent des pécheurs professionnels, qui pèchent au large de la mer. "Les pêcheurs viennent de Tripoli, d'el Aabdeh, ainsi que de Tyr et Sidon pour vendre leurs poissons", explique le responsable de la poissonnerie. "On ne peut pas vendre du poisson pêché sur le littoral parce qu'il y a une loi décrétée l'année passée qui interdit la pêche sur la côte libanaise", ajoute-t-il.

"O&C" un grand restaurant qui vend du poisson, assure lui aussi que le poisson libanais est d'excellente qualité. "Le poisson importé est plus fréquemment abimé que le poisson local" indique un responsable du restaurant.

Alors pourquoi ces pêcheurs se rassemblent-ils toujours à la sortie des égouts? La plupart ne font pas de commentaire sur ce sujet. Abou Ahmad, lui, indique qu'acheter un bateau pour pêcher au large de la mer coute très cher. Avec cette pêche, il peut nourrir sa famille pour un week-end.

Mais qu'en est-il alors, des vendeurs de poissons que l'on trouve sur la route? Les gens qui achètent du poisson pêché au sorties des égouts, et exposé à tout genre de matières toxiques dégagés par les voitures qui passent sur la route, se rendent-ils comptent des dangers que cela pose à leurs santé?

Avis d'un expert (Ecoutez-le)




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Le Dr. André el Khoury, expert en toxicologie alimentaire à l'Université Saint Joseph, explique que dans les égouts il y a beaucoup de matières toxiques. Ceux-ci se divisent en 3 groupes: chimique, physique, et microbiologique."Les substances toxiques ont certainement des effets néfastes sur l'écosystème marin en général, mais les matières toxiques ne provoquent pas la mort des poissons", indique-t-il. "S'il y a des poissons qui vivent à proximité des sorties d'égouts, cela ne veut pas dire que ces égouts sont propre. Ceci est absurde", a-t-il ajouté. "Les poissons absorbent l'eau contaminée par leurs branchies et la font sortir, ce qui concentre les substances toxiques dans leurs organismes. D’où le danger sur l'homme, parce que ces substances sont liposolubles, ils ont une affinité à la graisse. Donc plus le poisson est graisseux, plus il est contaminé."

Une étude récemment faite au Canada, a démontré que les hôpitaux qui déversent un faible taux d'œstrogène dans les égouts, qui vont en mer, entrainent le changement du sexe des poissons qui vivent a proximité de ces égouts. À long terme, ceci peut engendrer la disparition de cette espèce de poissons.

Il est impossible de savoir si un poisson est contaminé du point de vue chimique. Il existe malgré tout quelques précautions à prendre. D'abord, laver poisson avec de l'eau et du sel, nettoyer l'intérieur du poisson intensivement, et puis conserver dans un congélateur à une température qui ne dépasse pas les -5 degrés Celsius. La consommation doit se faire au bout de 5 jours de conservation, sinon le poisson doit être jeté. La cuisson doit se faire à une très haute température. Ces méthodes réduiront une grande quantité des germes et des bactéries, mais il ne faut pas oublier qu'il y a beaucoup de substances chimiques qui sont thermorésistantes.

"Il n'y a aucun doute que les poissons qui vivent
à proximité des égouts sont contaminés"


Si le Liban continue à utiliser la mer comme une poubelle, celle-ci ne va pas tarder à lui rendre la faveur. Une grande partie de la santé de l'homme dépend du bon fonctionnement de l'écosystème. Pour cela, il faut sensibiliser la population sur la nécessité de conserver la vie aquatique avant qu'il ne soit trop tard.



La pêche dans les égouts



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Au Beirut Mall, la mode femme rassemble les communautés


Par Nadine Baydoun


Le Beirut Mall se situe au carrefour du quartier musulman "Shiah" et chrétien "Ain El Romani". Un emplacement stratégique qui lui vaut, fait rare, la faveur des femmes de différentes communautés.


Sur le premier étage du Beirut Mall, le long des boutiques de vêtements féminins, les clientes potentielles se suivent et ne se ressemblent pas. Madame et Mademoiselle, musulmane et chrétienne cherchent leurs vêtements dans le même magasin.

De la tenue la plus discrète et la plus connotée religieusement au vêtements le plus aguicheur. Les clientes se baladent dans les magasins, regardent les vitrines, essayent des vêtements et satisfont leur soif à la mode. "Tout le monde visite notre magasin. Nos clientes viennent de « Shiah », de « Ain El Romani », et d’autres", déclare Fatima, vendeuse a l’un des magasins. "Tu peux vraiment voir toutes les facettes de la société libanaise ici. C’est un paysage très diversifié."

"Les femmes voilées achètent les mêmes gilets, robes et chemisettes que les femmes non voilées", ajoute-elle. "Tout le monde suit la mode et attend les dernières tendances. Je pense qu’elles les portent différemment: c’est la manière de les arranger avec l’écharpe et les autres accessoires qu’on porte qui diffère" souligne-t-elle.

"Souvent, les femmes musulmanes les plus engagées religieusement, qui portent le Tchador, choisissent les mêmes tops décolletés et les jupes courtes que les femmes chrétiennes", souligne-t-elle, "elles les portent dans les réunions entre amies", raconte Fatima. "A l’extérieur elles sont si différentes, mais chez nous, c’est la mode qui les rassemble ".





jeudi 28 janvier 2010

Les vieilles pierres de Beyrouth en danger

Pour une sauvegarde du patrimoine

Par Hassan Abbas


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Au Liban, il n’y a pas de loi sur la conservation des anciens bâtiments. L’héritage de Beyrouth se perd peu à peu, à cause de la destruction des anciens bâtiments. Ce sont des lieux qui portent des traditions et des habitudes qui se détruisent. Le problème n’est pas de perdre des pierres : C’est de perdre la mémoire de la capitale du Liban.
Maintenant, le parlement libanais étudie une loi qui protège les bâtiments et les emplacements qui font partie de la patrimoine. Mais les spécialistes ne pensent pas qu’elle sera adoptée par l’assemblée générale. Dans tous les cas, ce projet de loi ne prévoit pas tous les problèmes qu’il faut résoudre, explique Mona Hallak, la présidente de l'association pour la protection des sites et anciennes demeures (APSAD). Mais c'est une première étape.

Ralf Eid, membre de la municipalité de Beyrouth:




Apres le projet du « solidere »

Les libanais n’ont pas une longue expérience avec le concept de l’importance de sauvegarder les aspects du patrimoine commun. C’est la guerre civile qui a relancé cette problématique. Les libanais se sont trouvés face à plusieurs anciens bâtiments détruits par les bombardements.

L’entreprise « solidere » a reconstruit le centre de Beyrouth en choisissant un style architectural antique. Mais elle a détruit la vie de cette zone. Les « souks » les plus populaires de la ville sont transformés en magasins pour les riches. « Aïshti » et ses voisins n’ont aucune relation avec les anciens « souks » destinés à toute la population beyrouthine.

Ce projet est critiqué fortement. On a accusé le gouvernement libanais de détruire la mémoire commune. Le problème de sauvegarder les anciens aspects de la capitale libanaise est devenu un débat public.

En 1995, le ministre de la culture Michel Ede s’est aperçu de la nécessité de faire quelque chose pour sauver le reste des bâtiments qui font partie de la patrimoine de Beyrouth. Il a demandé à un équipe d’ingénieurs de qualifier les anciens bâtiments situées autour du centre ville. Il ont qualifié comme faisant partie du patrimoine 1016 bâtiments. Le ministre a pris une décision qui interdit de changer l’aspect de ces bâtiments. Cette décision a aboutit au contraire de son but. Elle a accéléré la démolition de ces bâtiments, car les propriétaires ont eu peur de perdre leurs propriétés. Ca c’est passé avec un soutien politique.

Etudes contradictoires

En 1997, la direction générale de l’organisation urbaine a mené, sous demande du gouvernement une étude très sérieuse. La perspective de cette étude a fait prendre conscience qu’il faut sauvegarder des quartiers anciens avec ses habitants, ses professions, ses petits magasins, pour ne pas arriver à des simples musées dispersées

Cette étude a identifié quatre zones ayant du cachet : Gimmayzeh-Achrafieh-Soursok, Bechoura, Qantari, Ein El Mraysi. Elle a demandée d’obliger les propriétaires de 520 bâtiments de ne pas changer leurs aspects.

En 1998, le gouvernement a chargé le conseil du développement et de la reconstruction de faire une nouvelle étude. Il ya eu une complaisance entre les politiciens et les propriétaires. Le résultat a été de diminuer le nombre des bâtiments qualifiés comme une partie de la patrimoine beyrouthine à 209.

En 2007 le gouvernement libanais a proposé au parlement un projet de loi qui sert a sauver les anciens bâtiments au. Il n’est pas traité par l’assemblée générale jusqu'à présent.

"C’est difficile de faire passer cette loi", dit Khaled Rifaï, le responsable des bâtiments faisant partie du patrimoine libanaise et des sites archéologiques au Liban. « les députés prennent position en faveur des propriétaires et les propriétaires vont abattre les anciens bâtiments ».